J’ÉDUQUE MON CHIEN

PROLOGUE

Nous n’avons pas le temps nécessaire, lors des journées passées ensemble, à l’occasion de parties de chasse, de fields-trials ou autres manifestations, de parler de l’éducation de nos compagnons et d’échanger nos idées.

C’est pour cette raison, et à la demande de l’ancien président du club de l’Épagneul Français, Monsieur Joyet, que je vais, en toute humilité et simplicité, vous parler de mon expérience.

ÉDUCATION DE MON JEUNE CHIEN

Quelle que soit la manière d’éduquer son compagnon, c’est le résultat qui compte ; il faut pour cela avoir le bon geste au bon moment.

C’est jusqu’à l’âge d’un an environ que j’éduque mon chien.

Je dis bien « éducation » et non « dressage » parce que c’est un travail de longue haleine tout en restant au bord du questionnement, de l’observation.

J’agis tout en douceur, avec beaucoup de patience et j’y mets le temps nécessaire. Je mesure mon travail au résultat, pas au temps passé.

Je me limite à des séances de courte durée. J’enseigne par petites doses journalières ou bi-journalières.  

L’éducation, c’est parvenir à vivre ensemble, apprendre un langage commun, avoir des attitudes et des regards complices.

Tous les exercices doivent se faire sans brusquerie.

A la fin de chaque séance le chien doit être joyeux et le maître doit sentir que son compagnon veut apprendre pour faire plaisir.

Je n’arrête mes exercices que sur des mouvements positifs.

Je ne passe jamais à un nouvel exercice tant que l’apprentissage de l’exercice en cours n’est pas complètement assimilé par le chiot. Je ne fixe pas de délais mais un objectif et des résultats.

Lorsque j’ai des moments d’hésitation, que je me pose des questions, à savoir « est-ce que je fais ce qu’il faut ? », je reste quelques jours, voire quelques semaines, sans exercices et je réfléchis. J’ai tout mon temps. De toute manière il faut arrêter de temps en temps pour laisser le chien, lui aussi, assimiler et pour être plus attentif à la reprise.

Je pense qu’un chien bien éduqué est à 80 {41fbf95439cca362c65f0a9f93318feebaa7717136df124c2b78d634f4d187d3} dressé et si par la suite vous le confiez à un dresseur professionnel, les bonnes choses que vous lui aurez apprises ne seront pas à apprendre, d’où un gain de temps précieux.

Pour l’instant, je ne vais pas parler de l’éducation face au gibier, mais commencer par l’apprentissage des bonnes manières, par des mouvements et un  langage simples mais indispensables :

      • Apprendre son NOM
      • Apprendre le RAPPEL
      • Apprendre l’ASSIS
      • Apprendre la MARCHE AU PIED
      • Apprendre le NON !
      • Apprendre le RAPPORT

Par la suite, je parlerai de commencer à travailler : régler la QUÊTE,

                                                                                 Affermir l’ARRÊT

Et aussi de MOTIVATION, de SAGESSE à l’ENVOL, de conduite en CHASSE ou présentation en FIELD-TRIAL…

CHAPITRE I - ÉDUQUER

Je viens d’acquérir un chiot de deux mois. Je dois lui apprendre son nom, à se familiariser avec moi, à ma voix et à son nouvel environnement.

Il est préférable d’aller chercher son compagnon un samedi matin afin de pouvoir être disponible durant les premières journées passées avec lui.

Arrivé à la maison, je lui laisse explorer les lieux et je profite d’un moment où il me regarde pour me baisser, tapoter dans mes mains en prononçant son nom ; son nom seulement, d’une voix et d’un ton normaux : pas de bavardage excessif, pas de débauche vocale.

J’insiste jusqu’à ce qu’il vienne, je n’avance jamais, surtout les premières fois.

Je n’avance pas vers lui, c’est à lui de venir à moi.    

Quand il est là, je le flatte, je le caresse et je l’habitue à un petit morceau de biscuit ou une boulette de nourriture, en cherchant à trouver ce qu’il aime le mieux, car je vais, pendant tout son apprentissage, exploiter sa gourmandise pour le récompenser et seulement pour le récompenser.IL est important que mon chien trouve un intérêt à venir à moi.

Les premiers gestes sont essentiels ; je les répéterai souvent.

J’agis toujours avec douceur, mais en restant ferme et inébranlable sur le résultat, tout en lui gardant le plaisir de travailler avec moi.

Je ne dispense l’apprentissage des mouvements que lorsque les conditions sont favorables, car les exercices doivent toujours être réussis. Mieux vaudra s’abstenir d’une séance que de risquer l’échec ; par exemple quand l’attention du chiot peut se trouver distraite ou que quelque chose l’attire ou l’excite.

 

Un chiot est par nature joyeux. Il doit le rester .Il n’en travaillera que mieux si le travail ne l’ennuie pas. Tout comme nous, en somme…

Mon chiot grandit ; il connaît bien son nom. Il a  compris qu’à l’appel de son nom, il faut obéir et venir à moi. Mais, petit à petit, il n’obéit plus si bien, il devient indépendant.

Attention : de la clairvoyance !

En fonction de son caractère, j’adapte la conduite à tenir.

S’il est sensible, je suis plus doux dans mes commandements, mais tout aussi intransigeant sur l’exécution de l’ordre donné.

Si au contraire il montre un caractère plus dur, je suis moi aussi plus ferme, ma voix est  plus autoritaire, mais sans méchanceté. Je parle de la voix, du ton.

 Quant au vocabulaire, il faut adopter un seul vocable pour un ordre et s’y tenir strictement. Si je parle à un chien, je raisonne en chien ; ce n’est pas à lui de raisonner en humain, ni d’en posséder le vocabulaire. Donc, si d’adopte « viens », ce n’est pas une fois « viens ici », une autre fois « viens là », ou encore « dépêche-toi de venir », etc.

Je n’utilise jamais le mot « ici » : sinon, la confusion s’installera entre « ici » et « assis » que j’enseignerai ensuite, et qui sont phonétiquement trop proches.

Je n’abrutis pas mon chien pour autant. Au contraire, il doit s’épanouir et prendre de la personnalité. C’est à moi de comprendre comment il fonctionne. Je ne lui demande pas d’apprendre le français…

Douceur, sobriété, fermeté, récompense sont mes principes de base, desquels je ne me départis jamais.

Dans tous les cas, un ordre doit être exécuté : mieux vaut donc s’abstenir de le donner si on se trouve momentanément dans une situation défavorable.

J’ai plusieurs intonations de voix, car le chien est plus sensible à l’intonation qu’au mot lui-même (si vous avez l’habitude de lui dire tendrement «  tu es gentil » en le récompensant, vous pouvez tout aussi bien lui dire sur le même ton « t’es un abruti » : il sera tout aussi content !). Ces intonations sont :

      • une de COMMANDEMENT pour donner les ordres, qui sera plus ou moins sèche selon la nature du chien, mais pas brutale ;
      • une de FLATTERIE, pour la récompense ;
      • une COLÉREUSE pour la punition.

Je m’exprime sur trois tons différents pour communiquer avec mon chien : ferme pour ordonner, tendre pour flatter, sec pour réprimander.

 

J’utilise également le sifflet pour le rappel car plus tard, j’aurai besoin de le rappeler de plus en plus loin ; le signal sifflé sera toujours le même : par exemple deux coups très brefs à la suite (tu-tut !) : le coup long sera réservé plus tard pour l’obéissance.

L’expérience montre qu’on a davantage d’autorité au sifflet qu’à la voix.

Quand mon élève a compris ce que je veux de lui, s’il lui arrive de désobéir intentionnellement, je n’hésite pas à prendre une badine, à aller à lui, et lui donner un coup sec sur la cuisse ; sec, pas violent.

Je lui fais comprendre que je ne suis pas d’accord (je prends la grosse voix, coléreuse), je reviens à l’endroit d’où j’ai ordonné le rappel et je l’appelle à nouveau.

Il doit venir à moi (et non moi à lui), et je le récompense.

Dans un exercice de rappel, je fais comprendre à mon compagnon que j’ai une raison de l’appeler : soit je rentre de promenade, soit je change de direction, etc.

J’établis une hiérarchie entre nous deux : il y a le dominant (moi) et le dominé (lui).

Je choisis mon camp une fois pour toutes : c’est moi qui donne  les ordres et un ordre donné est fait pour être exécuté. A moi de donner des ordres sensés ! Un chien obéissant n’est pas un chien malheureux

Un autre principe : je ne corrige jamais mon chien, ni ne le gronde, lorsqu’il revient à moi, même s’il vient de commettre une grosse faute. Une autre fois, je provoquerai la faute et le punirai à l’endroit de la faute.

Je fais également attention à ne pas mélanger les mots : par exemple « allez ! viens ! ». Ces deux mots sont contradictoires dans un commandement ; il faut impérativement ne pas les employer ensemble (toujours parce que le chien ne comprend pas le français…) Je dois réserver « allez » pour plus tard, le lancer ou le pousser.

Quand je donne un ordre, j’emploie le mot qui correspond, sans faire de discours, Je me répète, mais il faut  être sobre, ferme et affectueux.

Si, bien plus tard, je sors deux chiens ensemble, je dirai également « viens ! » pour rappeler les deux (et non pas « venez ! », ce qu’aucun ne comprendrait).

A un an, je peux mesurer les résultats de l’éducation par le degré d’obéissance.

 

Donner un ordre, se faire obéir de son compagnon, c’est  lui parler calmement ; comme à tout le monde ; ce n’est pas lui parler « comme un chien » !

Mon élève connaît son nom et vient quand je l’appelle ou le siffle.

Je peux maintenant lui apprendre le « ASSIS » car je ne lui enseigne jamais deux choses pendant la même période.

C’est un exercice facile et que j’utilise beaucoup, à savoir : pour passer la laisse, la retirer, donner une récompense, lancer le chien sur un  parcours de field-trial, passer le collier avec la clochette, etc.

Pour le lui apprendre, je l’appelle, je lui tiens le dessous du museau et j’appuie sur sa croupe en lui disant «assis », tout simplement.

Au bout de quelques séances, le chien obéit.

Il a déjà appris un début d’obéissance par le rappel et, là aussi les premières fois, je lui donne une friandise. Tout se passe bien, très vite.

Je m’habitue- et je l’habitue’ à ne donner l’ordre qu’une seule fois : dès la seconde, il faut se fâcher.

Plus tard, je complique l’exercice avec mes autres chiens dressés : je les fais asseoir en lige devant moi, je recule de plusieurs pas et je les appelle chacun à son tour. Celui qui est appelé doit avancer : les autres ne doivent pas bouger jusqu’à ce qu’à leur tour je les appelle et les récompense. Cet exercice fait souvent rire mon voisin…

C’est très spectaculaire mais ce n’est  pas que ça, et encore moins du totalitarisme : c’est le test indispensable par lequel je m’assure que mon enseignement est  parfaitement compris ; à travers le chien, c’est la qualité de mon enseignement que  je teste. Jadis, j’aurais bien aimé en comprendre toute l’importance.

Accessoirement, il va de soi que j’habitue mon chien dès son plus jeune âge aux bruits les plus divers : voiture,  coup de pistolet, tondeuse à gazon, tronçonneuse et autres…

Je le socialise également par le contact avec les autres chiens et les personnes tout en l’éduquant à ne pas aboyer pour un oui ou pour un non (et même, c’est facile pour l’Épagneul français, à ne pas aboyer du tout).

Mon chien n’est pas fait pour enquiquiner tout le monde…

 

La vie est pleine de bruits, parfois de fort niveau. Je dois  y habituer mon chien ; c’est ma participation à sa bonne insertion sociale.

 

Pour le promener, je vais lui apprendre la marche au pied.

La marche au pied est très importante, non seulement pour aller se promener, à la chasse ou en field-trial, mais pour beaucoup d’autres occasions (expositions par exemple, mais surtout c’est la condition indispensable pour l’apprentissage ultérieur du coulé : tout s’enchaîne).

Pour lui apprendre la marche au pied, j’habitue mon chien à la laisse à  nœud coulant ou au collier (je préfère la laisse à nœud coulant, plus vite passée ou retirée)

Suivant un rite maintenant bien établi : j’appelle mon chien et lui ordonne « assis ». Je lui passe la laisse et je commence à avancer en disant «  au pied ».

Deux possibilités se présentent :

      • Soit il a tendance à tirer en arrière,
      • Soit il bondit en avant.
      • S’il ne veut pas avancer, je ne tire surtout pas sur la laisse : je l’appelle gentiment (il connaît son nom) et lui présente de petit bouts de gâteau, de plus en plus loin devant son nez.

Si au contraire il bondit en avant, je donne de petits coups secs en arrière, en répétant : « au pied » et en avançant.

Les premiers pas se font ainsi : le chien prend confiance et c’est gagné. Les progrès sont rapides, d’autant plus que, ayant déjà appris son nom et le rappel, il commence à savoir ce qu’apprendre veut dire.

Répétons-le : il faut être patient.  Les chiots fougueux mettront un peu plus longtemps à se maîtriser, mais plus tard ils seront aussi  intéressants qu’un chien plus tranquille au début ; rester tout aussi calme qu’intransigeant est la clé du succès.

Je rassure mon chiot qui se sent un peu pris à la laisse, et l’assimilation se fait très vite. Je n’insiste pas trop les premières fois, pour ne pas l’ennuyer. Je procède souvent, et pas longtemps. La marche au pied devient un plaisir, surtout si j’associe cet exercice à des promenades.

Le chien doit se tenir à hauteur de ma jambe gauche (en exposition, on tourne vers la gauche et le chien doit être à l’intérieur du cercle).

Bien sûr, comme toujours en début d’exercice, tous les petits progrès doivent être récompensés par des gâteries et des flatteries).

Quand il commence à marcher correctement je change de direction en lui répétant « au pied ».

Je fais attention, quand j’ai mon chien en laisse, à ce qu’il marche fièrement, la tête haute. J’évite qu’il soit toujours le nez au sol : c’est  une habitude. Pour ce faire, au début, je tiens la laisse courte et je dis « au pied » en lui donnant de petits coups secs, en arrière, avec la laisse.

Ne jamais tirer en permanence car plus la laisse résiste et plus le chien tire : c’est un cercle vicieux qui ne s’arrange pas.

Cela prépare la présentation en exposition : de plus, la marche sans tirer, c’est plus confortable pour le maître…

Ensuite, vient la marche au pied, sans laisse.

Le chien est assis à mes pieds. Je retire la laisse et le chien ne doit pas bouger. J’avance doucement et je dis « au pied ». les premières fois, je fais très attention pour intervenir le plus rapidement possible.

S’il avance trop vite (il ne le fera pas, s’il n’a pas gardé l’habitude de tirer…) je donne un petit coup de laisse sur les reins, et je répète en même temps : « au pied ».

Le chien comprend très vite, mais là il faut que mon élève sache qu’avec ou sans laisse, il faut marcher ensemble. Nous devons former un couple qui ira ensemble, en promenade, en exposition, à la chasse ou en field-trial, ou bien encore faire voler un  oiseau piétard que mon chien aura arrêté auparavant (la marche au pied parfaite est  alors la base du coulé parfait ; encore une fois : tout se tient).

 

Avec mon  chien, nous formons un couple. Où que nous allions, à la ville, à la chasse en promenade, nous marchons ensemble d’un même pas.

 

Par la suite, j’associe le « assis » et le « au pied », car tous ces mouvements doivent devenir systématiques, exécutés avec plaisir, le plus parfaitement possible. Sans compter que, petit à petit, l’habitude de l’obéissance s’acquiert aussi facilement que celle de la désobéissance ! C’est donc un choix…

Avant l’âge d’un an, mon chien doit savoir que son nom le concerne, lui et nul autre, venir quand je l’appelle à  moi ou au sifflet, être capable de marcher au pied sans laisse, même s’il y a d’autres chiens ou d’autres pôles d’attraction.

Dans l’éducation de mon jeune chien, un mot est important : c’est le commandement « NON ! »  (non = interdiction).

Non c’est non ! C’est l’interdiction de continuer ce qu’on est en train de faire ; ce doit être la cessation ou l’abstention immédiate…

Que ce soit  dans l’appartement, le jardin, etc., il y a des interdictions. Devant, par exemple, un portail de cour ouvert, ou devant un morceau de gâteau que je jette devant lui, lorsque je dis « non », le chien doit rester immobile ; (cela va servir plus tard pour obtenir la sagesse à l’envol). Le « non » est le mot qui doit faire cesser immédiatement ce que fait le chien sur le moment précis, éventuellement ce qu’il complote si je suis capable de le sentir sans me tromper.

Le dominant, c’est moi : lui, il obéit.

Je commence à enseigner le « non » en prenant la laisse assez court d’une main, et un morceau de biscuit dans l’autre. Je fais voir le morceau de biscuit au chien et je le jette devant lui. En même temps, je tire un petit coup sec en arrière sur la laisse, en disant « non » d’un ton ferme mais sans crier.

C’est un exemple, car toutes les occasions ou les endroits interdits sont bénéfiques pour cet exercice.

Le chien comprend très vite. Je n’ai plus besoin de le retenir avec la laisse : au seul mot « non », il ne bouge pas.

Attention toutefois aux premières fois : il faut être ferme et intransigeant et c’est pourquoi je ne commence pas trop jeune ; il est préférable que le chien ait déjà acquis le sens d’une certaine attention.  

Qu’il s’agisse d’une interdiction ou d’un commandement, l’obéissance doit être immédiate et absolue, mais elle doit rester joyeuse et détendue.

Si mon jeune chien fait tous les mouvements parfaitement, dans la joie et la complicité avec moi, son éducation aura été bien faite.

J’ai déjà un chien utilisable.

A partie de là, je peux envisager un dressage plus poussé, par exemple le Down

( que je pratique de moins en moins)  ainsi que la sagesse à l’envol.

Je tiens personnellement à enseigner le rapport que l’on appelle communément RAPPORT FORCÉ, et qu’en ce qui me concerne, je nomme RAPPORT APPRIS en opposition au RAPPORT NATUREL. Cela dans l’optique des concours où il faut des mouvements parfaits , avec prise directe du gibier à terre, vitesse pour revenir à son maître avec l’ordre de donner à la main, assis.

 

Méfiance à l’égard de ceux qui font rapporter leur chien pour épater la galerie. Le rapport est un travail, pas un jeu de foire ni un sujet de vanité.

 

Le rapport naturel présente des fantaisies préjudiciables pour les fields-trials : le classement descend au « très bon » à la place d’un « excellent ». Le rapport naturel présente aussi un autre inconvénient : le chien y trouve un tel plaisir qu’il peut y devenir bien plus difficile de lui faire respecter l’envol et le feu tant il se précipite.

Pour travailler le rapport, je fabrique un apportable fait d’un morceau de bois cylindrique ou hexagonal de 40 à 50 mm de diamètre et d’une longueur de 180 mm environ avec, à chaque extrémité, une plaquette carrée clouée de 120 mm de côté. J’en confectionne même un second, auquel je colle des plumes pour plus tard.

Première leçon : j’appelle mon élève, je commande « assis » avec la voix de commandement pour faire comprendre que nous allons travailler et je lui présente l’apportable d’une main en prononçant : «  prends ». Évidemment, il ne prend pas : avec l’autre main, j’enfonce mon pouce dans sa joue à hauteur des molaires, pour lui faire ouvrir la gueule, et je répète « prends ».

Quand l’apportable est dans sa gueule, que je tiens haute, je dis « chut » ! pas bouger », en le regardant droit dans les yeux et je tends un doigt vers lui pour faire comprendre que je ne céderai pas. Et je ne cède pas.

S’il fait tomber, je recommence avec calme, jusqu’à ce qu’il arrive à ne pas lâcher immédiatement.

Quand enfin il tient l’apportable quelques secondes, je dis » donne », je retire l’apportable, je le récompense et j’arrête la séance pour cette première fois

Par petites séances journalières, souvent deux fois par jour, je perfectionne ce mouvement, avec patience et ténacité.

Lorsque j’ordonne «  PRENDS » et qu’il ouvre la gueule de lui-même, je lui apprends à tenir l’apportable de plus en plus longtemps jusqu’au moment où je lui dis « DONNE ».

Cet exercice élémentaire, préliminaire, doit arriver à être parfait avant d’envisager d’aller plus loin.

Ensuite, je commence la seconde phase qui consiste à faire prendre l’apportable à terre ; cet exercice est long, mais c’est la clé de la réussite. Il faut y passer le temps qu’il faut, tranquillement ; il n’y a as de  norme : d’un chien à l’autre l’apprentissage est plus ou moins long.

 Pour cela, je présente l’apportabe à 5 cm de son nez en lui disant «  prends » et à chaque fois, j’éloigne l’apportable vers le bas jusqu’à ce qu’il prenne à terre.

Cependant, il ne faut pas brûler les étapes et la récompense doit toujours être là : la gourmandise !

 

C’est par la gourmandise et la patience que je viendrai toujours à bout du chien le plus difficile à éduquer. Jamais par l’emportement ni la violence.

 

Quand mon élève arrive à prendre au sol et à donner à l’ordre, le rapport est acquis, quel que soit le temps qu’il m’aura fallu.

Alors c’est seulement lorsque je suis arrivé à ce stade que je commence à lui jeter à 1 mètre, puis à 2, et toujours plus loin tout en veillant à soigner le geste de donner à la main et assis. De cette manière, le rapport est considéré par le chien comme un exercice parmi d’autres, un travail et non pas un jeu.

Lorsque ces mouvements sont bien assimilés, j’utilise l’apportable sur lequel j’ai collé des plumes, et je continue jusqu’à la réussite avant d’aller plus loin.

Alors seulement est venu le moment de passer à un pigeon. Il faut absolument réussir ce premier contact avec l’oiseau chaud. Avec de la patience, cela doit marcher : il le faut : c’est capital pour la suite.

Puis vient le tour d’un faisan.

Je soigne ce premiers exercices : j’y mets le temps avec toujours le commandement de « assis » et de « donne » à la main.

J’obtiens ainsi un rapport parfait, seulement à l’ordre et non pas par réflexe naturel bien difficile à canaliser.

D’autres procédés sont plus rapides, notamment par le jeu, mais à chacun sa façon de faire : la perfection requiert ordre et méthode.

 

Mon chien a grandi. Nous nous connaissons maintenant très bien.  

La confiance est réciproque : nous avons enregistré dans nos têtes nos comportements respectifs. Chacun sait ce qu’il peut attendre de l’autre.

 

Si je connais mon chien, je sais ce que je peux attendre de lui. Je dois savoir évaluer tout aussi bien ce qu’il ne sait pas encore…

 

Je connais son caractère (très important) têtu ou docile, téméraire ou plus timoré, indépendant ou timide.

J’ai vu comment il est réceptif au dressage : en douceur ou en plus sévère.

A partir de là, je commence à pousser  un  peu plus loin, à sortir de l’éducation pour entrer dans le dressage, qui débouchera sur l’apprentissage du « métier » : bref la communale, c’est fini : il va entrer au collège et commencer d’acquérir le savoir qui fera de lui le merveilleux compagnon dans lequel j’ai mis tant d’espoir…

Je vais moduler le programme dans le temps, en fonction de l’évolution de mon chien, dont je connais parfaitement les capacités fondamentales et le caractère : je lui ai enseigné ce que j’attendais de lui : il m’a appris qui il était et comment il fallait que je le traite.

Lorsque j’éduque, je ne cède jamais sur la finalité de l’exercice (mais je module dans le temps). C’est un parti pris : je le sais ; le chien aussi ; nous en sommes réciproquement sûrs.

Au cours de nos sorties dans la nature, je lui ai déjà appris à chercher en lui indiquant  qu’il fallait aller à droite puis à gauche.

C’est le commencement de la quête croisée. Je continue toujours cette quête, à tous mes entraînements, en la développant en largeur sur les côtés, en courant vers lui pour  l ‘encourager à aller plus loin et ne pas faire de lacets à l’intérieur mais toujours en avant ; C’est long ; C’est de la patience et du calme : il faut que les sorties soient joyeuses. Mon chien m’obéit pour trois raisons : je suis plus têtu que lui, il a confiance en moi, il m’aime (et c’est bien réciproque…).

En même temps que je fais évoluer la quête, je pratique l’obéissance au sifflet dans le cas où il va trop loin ou trop en avant (en pointe).

Je développe au maximum cette envie de courir, de chercher, en perfectionnant la régularité de la quête.

Mon chien commence à être prêt pour la chasse mais je n’ai encore pas parlé du gibier. C’est ce que nous allons faire dans le chapitre suivant.

CHAPITRE II- TRAVAILLER

Dans ce chapitre, nous allons parler du travail : sa préparation, dont une partie va de pair avec l’éducation évoquée dans le précédent chapitre ; puis le dressage au travail proprement dit.

Successivement nous allons :

      • Tester son comportement
      • Nous faire une idée précise de la qualité de son nez
      • Organiser et régler sa quête
      • Mesurer et développer sa passion
      • Affermir l’arrêt
      • Déterminer les possibilités physiques du chien
      •   (chasse ou field-trial)
      • Apprendre la sagesse à l’envol et au feu (facultatif)
      • Apprendre à nous présenter en field-trial
      • Apprendre à nous tenir correctement en expositions

 

Je ne pourrai faire monter un chien au maximum de ses capacités que si je me donne la peine de bien connaître et bien évaluer lesdites capacités.

Alors revenons en arrière : mon chiot a deux mois : c’est le moment où il quitte son environnement maternel, son milieu naturel jusqu’ici, pour affronter un monde nouveau , trouver d’autres affections qui lui conserveront tout son équilibre.

Dès que le chiot a pris confiance, je commence l’éducation telle que nous l’avons étudiée au chapitre précédent. Mais c’est aussi le moment de tester son tempérament et son style d’arrêt. Je vais essayer de me faire une idée de son naturel. Beaucoup de chiots marquent déjà un arrêt plus ou moins prononcé, d’autres prennent l’oiseau dans la gueule pour s’échapper avec.

Il y a deux façons de procéder qui sont complémentaires :

. la première consiste à attacher 3 mètres de ficelle au bout d’une canne ou d’un bambou sur lesquels sont fixées des plumes.        J’agite les plumes devant le chiot et je vois s’il se pose des questions, s’il est intéressé par ce qui bouge, s’il a peur ou si au contraire, très rapidement, il fonce pour attraper les plumes.

Dans ce cas je relève vivement la canne avant qu’il ne puisse les prendre dans sa gueule .Je recommence plus loin devant lui et je vois s’il abandonne rapidement ou s’il insiste et se passionne. Au bout de quelques manoeuvres, certains chiots prennent une position d’arrêt et même coulent à vue doucement vers les plumes. Je juge à ce comportement si le chiot sera passionné ou timide, un arrêteur précoce ou un fonceur. Ce comportement sera un début d’information dont je tire enseignement. Cet exercice est ce que l’on appelle l’arrêt à vue, différent du vrai arrêt sur l’émanation d’un oiseau réel. Je remarque aussi son style d’arrêt.

Une autre façon de procéder est de lui présenter une caille. Par un vent léger, je vais dans une prairie avec une végétation de 10 à 15 cm de hauteur, de façon telle que le chien puisse SEULEMENT SENTIR la caille, mais en aucun cas la voir.

J’arrive sur le terrain : je fais sentir la caille à mon chiot et je la fais voleter dans ma main pour qu’il découvre et mémorise l’odeur et le bruit des ailes.

La première fois il peut avoir peur ou au contraire chercher à l’attraper. Ce sont des indications à retenir, sans que cela représente un jugement définitif : ce sont seulement des indications. Puis je lâche mon chiot en montant dans le vent : j’ai gardé la caille dan ma poche ; le chiot gambade et je lui laisse une liberté totale.

 Quand il s’éloigne, j’en profite pour poser la caille à son insu. Soudain, le fumet excite ses muqueuses et il fait le rapprochement avec l’oiseau qu’il vient de sentir dans ma  main. S’il remonte rapidement vers la caille, met son nez sous la queue pour faire voler et poursuit pour l’attraper, j’en conclus  que ce n’est pas un mauvais comportement, bien  au contraire.

Mais il ne faut trop insister, surtout sur des cailles peu volantes qu’il chercherait à attraper systématiquement et en oublierai l’arrêt. Le mieux, dans ce cas-là, est de continuer l’éducation et laisser le chien mûrir. Puis, de temps à autre, lui présenter du gibier dans une prairie où il ne peut voir l’oiseau, afin de déclencher l’instinct d’arrêt à l’odeur et non à vue. Peut-être faudra-t-il un jour le contenir au cordeau.

Dans un autre cas, le chiot arrête, se bloque et ne bouge plus : c’est un chiot qui a un bon instinct d’arrêt. Dans ce cas, je l’encourage à monter plus près de l’oiseau, en lui disant « coule » « au pied ». Je le félicite et je le laisse courir à l’envol pour le passionner davantage et ne pas le conforter dans sa trop grande prudence. Quand la passion sera suffisante, et seulement à ce moment là, alors je le contiendrai et éventuellement le préparerai à la sagesse à l’envol.

La sagesse à l’envol s’obtient strictement par dressage : ce n’est pas une qualité naturelle. Mais, par contre, l’aptitude au dressage (dont fait partie la sagesse à l’envol) est une qualité que l’éleveur doit sélectionner dans les géniteurs au même titre que les autres qualités naturelles. L’éleveur auprès duquel vous avez choisi votre chiot a normalement dû s’en préoccuper avec soin .

J’ai également pu apprécier dans cet article la distance à laquelle il a pris connaissance de l’émanation, et jugé de ses qualités olfactives, qualités qui lui sont naturelles et sur lesquelles je ne pourrai jamais rien.

Au bout de quelques séances, je sais si c’est un chiot plutôt fonceur et que je peux d’ores et déjà commencer à canaliser, ou un  super-arrêteur qu’il faudra davantage laisser faire et encourager à monter sur l’oiseau.

Après avoir jaugé son comportement, j’arrête de faire voir des cailles. Je m’occupe plutôt de la partie obéissance, et passe sur perdreaux. C’est la période d’attente jusqu’à l’âge de 8 à 10 mois où son éducation sera déjà bien avancée.

A chaque sortie, je travaille sa façon d’explorer le terrain, à droite, à gauche ; je l’habitue à la quête croisée, petit à petit, et en même temps à l’obéissance de laquelle j’ai parlé précédemment.

Vient le moment de vérifier mes premières impressions remarquées à deux mois. Mon chien a maintenant 8 à 10 mois, éventuellement 12.

Une belle journée, à bon vent léger, je recommence l’exercice sur caille dans une bonne végétation.

Je vois son port de tête que j’aurai déjà pu remarquer dès l’âge de deux mois lorsque j’ai fait le premier test.

Maintenant il sait explorer son terrain dans une quête croisée sans trop ouvrir mais à bonne distance de moi.

Soudain, il a connaissance de cette odeur qu’il a mémorisée, et là aussi peuvent se produire les mêmes réactions que lorsqu’il était plus jeune : soit il fait voler et poursuit (ce n’est pas grave, mais attention tout de même) soit il arrête la caille.

S’il arrête, je cours à lui, je le caresse, je le flatte et je fais voler. S’il court avec passion, je laisse faire, mais les prochaines fois je lui apprendrai la sagesse à l’envol avec douceur.

La première des choses, comme je l’ai déjà dit, c’est de connaître le caractère de son jeune élève.

Si après quelques séances, ou quelques semaines, le chien fonce sans arrêter, et que je vois que la passion le dévore, deux solutions :

      • La première : lui faire voir beaucoup de gibier volant (perdreaux) qu’il ne pourra jamais attraper, et attendre que l’arrêt se déclenche naturellement ; la sagesse à l’envol se fera en même temps, à la voix (chut ! pas bouger) ;
      • La seconde : lui provoquer l’arrêt à la longe sur l’oiseau posé (perdreau de préférence) et, en même temps, le contenir pour l’empêcher de courir sous l’aile.

Dans tous les cas, il faut obtenir un arrêt ferme et faire comprendre au chien qu’il faut absolument qu’il ne bouge plus après l’arrêt, jusqu’à l’arrivée de son  conducteur (sauf s’il avance prudemment pour tenir le contact avec un oiseau piétard).

 

Lorsque mon chien est à l’arrêt, je monte à lui, le caresse, le félicite, le flatte, et c’est  moi qui, au début tout au moins, me charge de faire voler.

 

Sur gibier posé, je ne peux pas apprendre la sagesse à l’envol tant que le chien ne m‘attend pas sans broncher, à l’arrêt. Je me répète : c’est la condition absolue.

 

C’est le chien qui doit bloquer le gibier, et non pas le contraire…Ne jamais perdre de vue cette notion essentielle du travail d’un chien d’arrêt.

 

Lorsque mon chien est à l’arrêt, je monte à lui, le caresse, le félicite, et je passe ma laisse de dressage sous son ventre, sans toucher son corps, en faisant un grand nœud coulant que je tiens solidement.

A l’envol, je tire sur la laisse et je commande « assis » (voir chapitre éducation) « chut ! pas bouger ».

Cela marche, mais il faut répéter de nombreuses fois jusqu’au résultat ; cela marche toujours, sauf avec des chiens exceptionnellement durs situation rare) ou mal élevés.

Dans ces cas, des moyens plus durs sont à envisager mais cela est l’affaire de gens avertis.

 Un dresseur professionnel réglera très bien ce problème, en canalisant la passion du chien sans risquer de la briser. C’est le prix à payer pour avoir mal éduqué son chien !

Voilà qui me fait revenir sur l’importance de l’éducation qui permet, avec l’aide du temps, d’arriver à l’utilisation maximale de son chien (obéissance joyeuse, quête, arrêt, sagesse, rapport) tout en développant ses qualités naturelles ; le tout, en douceur. Pour avoir un chien capable d’arrêter (dominer) des oiseaux naturels (field de printemps), outre ses qualités physiques, il faut améliorer et développer la passion d’aller chercher ces oiseaux là où ils se trouvent, de remonter l’émanation le plus rapidement possible (sans nez au sol) et bloquer. Il faut donc encourager le chien à monter, et non pas le freiner avant l’arrêt, même si, au début et inévitablement, se produisent des bavures que le temps fera disparaître : le chien n’attend pas tout du maître ; il raisonne aussi, à sa manière, par l’expérience .Pour lui aussi, ce sont les échecs qui sont formateurs. Bien comprendre que c’est le chien qui bloque l’oiseau et non pas l’oiseau qui arrête le chien ; cela prend toute sa valeur en field-trial de printemps.

Tout au long de l’éducation, mais plus particulièrement au tout début, j’encourage cette remontée ; je ne laisse pas insister sur une trace chaude ; je ne laisse pas tourner en rond, le nez au sol. Le chien doit monter directement sur l’oiseau, après avoir pris connaissance de l’émanation. Cela favorise les arrêts tendus, sans empêcher la sagesse à l’envol. Pour résumer, je commence par des cailles (peu) puis des perdreaux et des faisans.

Le faisan est en principe, ici en Gironde, l’oiseau de tir. De préférence, je ne fais pas rapporter mon chien, même à la chasse, tant qu’il n’a pas un arrêt ferme et qu’il ne m’attend pas à l’arrêt sans bouger. C’est la condition essentielle pour affermir l’arrêt chez les jeunes chiens ; sinon, il est trop pressé de rapporter ; d’où la supériorité pratique du rapport acquis sur le rapport naturel qu’on présente, parfois, comme un « plus ».

Je recommande de ne pas brûler les étapes pour les fields-trials : d’abord la SAGESSE à l’ENVOL, et ensuite le RAPPORT.

J’enseigne le RAPPORT dont j’ai parlé plus haut (voir chapitre le concernant), à la maison, et seulement à la maison. Lorsque j’ai obtenu la sagesse à l’envol, et seulement à ce moment là, j’associe le rapport en action de chasse ; mais seulement lorsque j’en donne l’ordre.

Bien entendu, même à la chasse, j’exige un rapport dans le style impeccable, rapide, sans lâcher, le gibier étant donné assis.

Attention : c’est souvent à la chasse que s’acquièrent les habitudes du laisser-aller ; tous les dresseurs vous le diront.

 

J’espère que ces quelques lignes sur ma façon d’éduquer vous inspireront…

Toutes les manières sont bonnes qui permettent de parvenir au résultat impeccable mais ne jamais perdre de vue la finalité, à savoir :

Développer les qualités et avoir une utilisation maximale de son chien.

Cela implique de la méthode, un ordre d‘enchainement des étapes et des tonnes de patience et d’observation. Mais quelle satisfaction au bout !

Un chien bien éduqué, c’est dix ans de plaisir et de sensations, pour un à deux ans de patience à élever et éduquer. Souvenez-vous que c’est long une vie de chien mal élevé !

CHAPITRE III : LE FIELD-TRIAL

Il faut comprendre que tous les chiens ne sont pas capables de briller à un très haut niveau, toutes races continentales confondues, mais je suis persuadé que beaucoup d’Épagneuls Français pourraient bien figurer dans ces épreuves, surtout en gibier tiré, s’ils avaient été bien éduqués.

Aussi, je vous recommande fortement, de commencer à faire voir votre chien lors d’une journée organisée pour subir l’épreuve du TGN (test qualités naturelles). Cela permet de voir les qualités de votre élève et de profiter des conseils du juge qui se fera un plaisir de répondre à vos questions.

Peut-être vous insufflera-t-il l’envie de faire du field-trial. De toute façon, venez présenter votre jeune élève ; c’est une journée agréable entre gens d’une même passion où l’on voit son chien évoluer sur un terrain inconnu, où l’on rencontre d’autres chiens, où l’on fait des connaissances sympathiques.

Il faut savoir que les fields sont faits pour déceler les qualités des futurs géniteurs, pour améliorer le reste de la race. Le jour de la présentation n’est pas, quoi qu’il arrive, une journée de dressage (ce dernier doit avoir été fait avant).

Si l’épreuve se passe mal (c’est arrivé à tout le monde, et ce n’est pas un drame), il faut se dire qu’il y a encore du travail à faire, que ce n’est pas la faute du juge et qu’il faut attendre ce moment merveilleux où dame chance s’associera au travail effectué ».

Aucun chien même parmi les plus titrés, n’a fait sa carrière sans avoir une fois « pété les plombs ». Il y a toujours une explication ; mais il les pétés quand même !

 

Lancez-vous : il n’y a que le premier pas qui coûte. Soyez-en convaincu, même vos concurrents sont prêts à vous aider, à vous conseiller.

 

A la présentation, bien entendu, il faut arriver à l’heure, et suivre le concours de façon à ne pas faire attendre le juge, et se mettre à sa disposition.

Quand arrive son tour, après avoir salué le juge, je  fais asseoir mon élève, je retire la laisse et nous attendons sagement l’ordre de lancer.

J’ai une minute  durant laquelle les fautes éventuelles ne sont pas prises en compte, pour régler la quête du chien, en tendant mon bras à gauche, puis à droite, et siffler s’il monte trop en avant. Il faut régler la quête croisée, l’encourager à aller assez loin sur les côtés, avec une ouverture correcte devant soi (pour le gibier tiré : portée de fusil). En printemps, une ouverture plus grande est nécessaire, sans oublier pour autant la quête croisée et le moins possible de nez au sol.

Passé cette minute de réglage, le chien doit travailler tout seul. Alors, sauf nécessité absolue, j’évite de siffler.

Après l‘arrêt, je monte calmement au chien, sans courir. L’arrêt doit être tendu, net, absolu. Je lui donne une petite caresse et, si l’oiseau ne vole pas, je commande « au pied , coule» comme pendant l’éducation (gibier tiré, faisan).

Si l’oiseau ne vole toujours pas, je raccroche ; je reviens vers le juge qui me fait signe de relancer à nouveau, si possible dans le vent, pour finir le point et obtenir un nouvel arrêt.

A l’envol, la sagesse a été apprise ainsi que le rapport pour  le gibier tiré.

En principe, cela doit bien se passer, mais enfin, avec un jeune chien, il y a bien parfois quelques bavures qui se corrigeront ; plus tard ; le jour du field, ce n’est pas le moment.

Pour participer aux fields de printemps, il est recommandé de finir la préparation du chien sur les terrains de Beauce, afin que le chien s’habitue à ces grands espaces de verdure et de labours.

Il faut également qu’il apprenne à bloquer les perdreaux gris, ces oiseaux naturels qui souvent partent très loin. La sagesse à l’envol est cependant plus facile que pour le gibier tiré. Avec une bonne éducation, dans la plupart des cas cela suffit, car le chien comprend assez rapidement qu’il ne peut attraper ces oiseaux diaboliques qui disparaissent très vite de sa vue.

 

La première fois que j’ai présenté un chien dans un field, je n’étais guère à l’aise non plus. Depuis j’y ai tant appris, tant compris, eu tant de plaisir…

 

Voilà ! Tout ceci est bien concentré ; il faudrait des livres entiers pour parler en détail de tous les cas

de figure ; ce n’était ni l’objet ni la prétention de cet ouvrage.

Alors, un simple petit clin d’œil en passant : quand vous avez un compagnon remarquable, même s’il n’est pas le grand chien de votre vie mais que vous l’aimez tout autant, c’est lui, qu’à travers vous, on invite à la chasse…Le contraire est vrai !

Je ne peux qu’insister encore, en vous recommandant toute l’importance de l’éducation, que ce soit à la maison, en promenade, à la chasse ou en field. Vous obtiendrez un chien heureux et content de son maître, qui accompagne un maître heureux et content de son chien.

Et je vous souhaite une réussite à la hauteur de votre passion…

 

Il faut tout de même savoir que le premier reflexe d’un acquéreur de chiot est, et restera toujours, le choix des géniteurs chez un éleveur sérieux pratiquant la sélection.